Les Nouvelles, juillet 2021
Publié par Journal Les Nouvelles dans Presse · 30 Juillet 2021
« Il y a trop de plastique partout »
La Grande Ile subit déjà le plastique. Même si
cette matière étrangère reste cantonnée pour le moment aux grandes et moyennes
villes ouvertes au monde extérieur précisément, ces quelques endroits croulent
déjà sous des montage plastiques de bouteilles d’emballage…c’est le cas par
exemple à Sainte-Marie, île touristique de la côte Est.
« Il y a trop de plastique partout, la
Grande Ile dispose d’une nature très riche mais on va tout détruire si on
continue » s’indigne Gaëlle RANDRIAMANANA, Directrice d’ECOCITY Madagascar
à Tananarive « il y a déjà plusieurs années que les bouteilles plastiques
finissent dans les caniveaux et le bouchent. C’est justement pour remédier à
cela qu’on existe. »
Son engagement vient avant tout d’une
comparaison avec l’étranger. « On est sensibilisés grâce à nos voyages,
précise-t-elle. On voit comment font les gens pour recycler. En tant que
Malgache, je me suis dit qu’il faut faire quelque chose. Ce n’est pas dans nos
mœurs de trier les déchets et encore moins de les recycler mais il faut
commencer tout de suite car Antananarivo est déjà polluée. »
Alors ECOCITY Madagascar a inventé une
solution simple. L’entreprise installe un fût, un gros cylindre d’1,80 mètre de
hauteur et de 65 centimètres de diamètre au sein même des entreprises clientes.
L’appareil compacte les bouteilles en
plastique et les canettes en aluminium et les stocke en attendant un recyclage
futur.
Le projet ECOCITY Madagascar comporte aussi un
volet sensibilisation. « Quand on place ECOCITY dans une société, explique
Gaëlle Randriamanana on dispense également une formation aux collaborateurs
avec Martine LECOQ la fondatrice. On explique comment et pourquoi recycler. On
explique le fonctionnement du fût mais aussi notre méthode et notre démarche
d’ensemble. »
ECOCITY cible les grandes entreprises comme
les call centers qui consomment beaucoup de bouteilles plastiques mais ECOCITY
peut s’implanter dans toutes les sociétés, même les petites structures.
La société cliente signe en parallèle, un
partenariat avec la coopérative « Fanavotana » de l’association ADDEV
qui emploie 72 femmes vulnérables vivant dans des conditions très précaires.
Ces femmes viennent alors ramasser régulièrement les bouteilles compactées et
les revendent à la société Adonis, spécialisée dans le recyclage et la
dépollution. Les femmes empochent ainsi un revenu.
Enfin la société ADONIS transforme les
bouteilles compactées en copeaux de quelques millimètres et les envoie à
l’étranger pour achever leur transformation.
« Ici à Madagascar on ne dispose pas
encore d’usine de recyclage et c’est pour cela qu’on doit tout exporter »,
regrette Gaëlle Randriamanana. « Les copeaux seront transformés en bancs
en plastique, en T.shirts de sport, en bouteilles ou encore en flacon de
shampoing….si vous remarquez sur certains flacons il est parfois écrit
« plastique recyclé » poursuit-elle.

ECOCITY se montre ambitieux pour l’avenir.
« A terme, reprend l’entrepreneur, comme on travaille avec la Sté
réunionnaise AC2V qui œuvre dans la revalorisation de
tous les déchets, on
aimerait implanter le même système ici à Madagascar. Pour l’heure on travaille
uniquement sur les bouteilles et les canettes. »
Comment entreprendre en pleine crise ?
« C’est très difficile de monter une
entreprise surtout en pleine crise sanitaire. Pour notre part on a vendu notre
premier ECOCITY au mois de Mars 2020… nous avons subi le confinement seulement
deux semaines après notre première vente » se souvient Gaëlle
Randriamanana.
L’entreprise a profité de cette période difficile
pour continuer ses prospections….Mais à chaque fois les sociétés sollicitées
refusaient arguant que l’heure n’est pas encore à protéger l’environnement mais
plutôt à survivre à cette crise mondiale. »
« Cette année j’ai relancé les
prospections reprend la fondatrice. Les entreprises sont vraiment conscientes
du fait que l’écosystème est en train de se détériorer…Mais il faut investir
des moyens et c’est pour cela qu’elles mettent un peu du temps »
expose-t-elle.
ECOCITY ne compte que trois collaborateurs…On
est encore une petite structure mais on vise un échelon national. Pour cela on
aimerait beaucoup que la Commune Urbaine d’Antananarivo y participe car elle
seule gère les déchets dans la ville » lance la fondatrice d’ECOCITY.
« On les a contactés et ils sont intéressés. On va amorcer le
projet. »
Tiana Ramanoelina